Cher Mc Solaar, on a écouté Géopoétique...

... Et, on aurait sincèrement préféré écrire cet article en premier plutôt que le précédent. A notre corps défendant, tu n’as pas forcément emprunté la meilleure voie pour annoncer ton retour. Sonotone, le média musical que tu, ou que ta maison de disques, as élu rampe de lancement de ton Géopoétique, a sacrément froissé nos oreilles. Mais les semaines ont passé. Et depuis cette présentation, pour le moins râtée, nous avons eu l’honneur d’écouter ton album dans son intégralité. Avouons-le, ça passe un peu mieux. C’est d’ailleurs ce que l’on espérait secrètement en refermant notre écran YouTube. Du coup, on en arrive à se demander pourquoi donc ce Sonotone en guise d’apéritif ? C ’est sans doute le pire morceau de l’album (en fait, il y en a un autre). Ce Géopoétique en contient des plus séduisants qu’il aurait été plus judicieux de mettre en avant. Frozen Fire, par exemple, piste 4, organique et entrainant, ou J.A.Z.Z dont l’intitulé nous ramène au lumineux Solaar. Une sorte d’interlude avec du relief, un brin synthétique, juste ce qu’il faut pour ne pas sombrer dans la caricature. Tout le contraire de Et qu’ca saute avec ses refrains Eurodance pas vraiment classe. Pourtant quand l’électro s’invite dans tes productions, on se prend au jeu. Ainsi AIWA, dont les notes rappellent quand même furieusement celles du Lean On de Major Lazer & Dj Snake, réussit à séduire. Idem pour Les Mirabelles à la rythmique vaguement empruntée au Losing You de Solange. Et puis il y a Gainsbourg. Toujours. Une évocation qui se glisse dans ton Super Gainsbarre, exploration "solaarisée" d’un Initiales B.B plutôt agréable. Preuve que l’effet de surprise, lorsqu’il est bien amené, peut faire mouche, et ce, loin d’un rap académique. Pour en revenir au Rap justement, tu as décidé d’explorer, avec humour, les arcanes de la "modernité" Trap. L’attrape-nigaud (on apprécie le jeu de mots…), permets de montrer que tu possèdes encore de beaux restes, tout comme Zonmé des Zombies, morceau sur lequel tu retrouves Bambi Cruz, ton complice du Posse 501. Tu revisites même la G-Funk, ce courant très marqué 90’s dont Warren G et consorts étaient les chefs de file avec un Adam et Eve gentil et sympathique. Dans l'Intronisation qui ouvre ce Géopoétique, tu compiles tes punchlines cultes de "L'as de trèfle qui pique ton coeur" (Caroline) à "tout a commencé là-bas dans la ville qu'on appelle Maisons Alfort" (Bouge de là) en passant par "Si le rap excelle, le jazz en est l'étincelle" (A temps partiel) ou encore "Acte avec tact et capte l'admiration" (Dévotion). Des clins d'oeil nostalgiques à une période révolue. Car finalement, aujourd'hui, on va dire que tu as tourné la page. Mais sans doute pas refermé le livre... 

• Géopoétique (Play Two).