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Opera Puccino vu par Oxmo

Opera Puccino vu par Oxmo

Opera Puccino vu par Oxmo

DANS LE RETRO. Tout est magique sur cet album. De la pochette signée Jean-Baptiste Mondino au choix des titres à la fois poétiques, accrocheurs et mystérieux, en passant bien sûr par son contenu, qu’il soit musical ou textuel. En cette année 1998, Abdoulaye Diarra alias Oxmo Puccino propose un "Operap" en 18 actes. Un album référence toujours considéré comme l'un des meilleurs du Rap Français. Son auteur se souvient...

Captures du clip Mama Lova tourné à Marseille.
Captures du clip Mama Lova tourné à Marseille.
Le temps des séparations

« L’épisode de la Fnac des Ternes (une émeute due à une trop grande affluence a obligé les organisateurs a annulé le showcase, ndlr) a fait prendre conscience à tout le monde du gros potentiel financier. Tous les artistes de Time Bomb voulaient sortir un album. C’est le temps des séparations. Je commence à bosser avec K-Reen sur des singles. Les concerts ne se passent pas très bien, même si, à l'instar d'Hostile (1996), on commence à s’imposer comme une référence. Mais à l’été 1997, après nos dernières prestations sur scène, le cœur n’y est plus. Time Bomb se scinde entre ceux qui deviendront 45 Scientific et le reste, Pit (Baccardi) et moi. Je me rends alors à Cuba pour une réunion des alliances religieuses. A mon retour, j’apprends que Khéops veut faire un morceau avec moi sur son album Sad Hill. Je vais à Marseille, l’instru est bonne, j’ai un texte qui colle et que j’ai mis de côté. Il s’appelle Mama Lova et s’inspire du Dear Mama de Tupac. Ce titre plait et j’apprends qu’il va devenir le single extrait de Sad Hill. Dans la foulée, je fais mon premier clip à Marseille.

Oxmo - Prélude à Opera Puccino (1998)
Oxmo - Prélude à Opera Puccino (1998)
Spontanéïté

Plusieurs maisons de disques proposent alors de me signer. On choisit Delabel. Et là, effet toboggan, studios, gros artistes, gros ingénieurs du son, le photographe Jean-Baptiste Mondino pour la pochette, mais aussi problèmes avec Time Bomb. L’enregistrement a commencé en octobre 1997 à Paris dans une ambiance catastrophique. Et s’est poursuivi au studio Polygone à Toulouse. Un lieu mythique avec une piscine, des petits parcs, ouverts 24h/24. Le lieu idéal pour se concentrer sur la musique. J’ai rencontré Mokthar (un Toulousain co-créateur avec Soon de la marque Bullrot en 1996) mais aussi Dadou et Diesel de KDD. L’album sort le 28 avril 1998. Je ne comprends alors plus rien à ma vie, je me sens dépassé. En 1998, je ne comprends rien, en 1999, non plus, je rate mon deuxième album (L’Amour est mort en 2001). J’ai sombré en 1998 à cause de la notoriété et la vie d’adulte qui se rapproche trop vite. Le succès n’apporte rien d’heureux. Opera Puccino était construit autour de choses uniquement personnelles. Il a été très facile à écrire. D’ailleurs, j’écrivais tout le temps. Quand je suis entré dans Time Bomb, j’étais avec des pros de l’écriture. Je devais rattraper le handicap. J’avais du mal à poser les voix. Je passais parfois deux jours à enregistrer un morceau. J’ai eu beaucoup de cours de coaching musical avec Prince Charles Alexander (Puff Daddy, Mary J Blige, Biggie, IAM…) qui est devenu professeur à la Berklee College of Music (Boston). Cet album, c’est comme si tu demandais à quelqu’un de feuilleter un vieil agenda. Même s’il est beau, tu ne reviens pas dessus, tu penses au prochain. Je n’ai jamais vraiment réfléchi sur cet album, je l’ai toujours contenu en moi. J’ai écrit tout ce que j’avais dans le ventre. Tout de suite. Je suis entré en studio avec de nombreux textes et de la musique. Quand Time Bomb a splité, je suis resté avec Dj Mars et Dj Sek par logique. Je m’entendais bien avec eux. Opéra Puccino, c’est le résultat de l’expérience de Prince Charles Alexander, la précision chirurgicale de Sek et la sensibilité de Mars. Le tout couplé à la spontanéïté de l’époque. »

Cover l'Enfant Seul (1998)
Cover l'Enfant Seul (1998)
Une séquence de punchlines d'anthologie

"Grandir sans père c'est dur /
Même si la mère persévère /
Ça sert, mais pas à trouver ses repères c'est s
ûr /
Perdre sa mère c'est pire, demande à Pit j't'assure /
T'as pas saisi enlève la mer de la C
ôte D'Azur". (L'enfant seul)

"Je passais pour le mec apprécié sans être compris et j’étais habitué à écrire sans me référer à un avis. Je cherchais, je réécrivais et essayais de trouver des synonymes. Pour donner l’impression que c’était facile. Mon écriture était instinctive. Je pouvais avoir un texte, mais s'il me manquait une phrase, je pouvais attendre longtemps. Pour L'enfant seul, j’avais un trou à la rime "Perdre sa mère c’est pire"… Avant de trouver "la mer de la côte d’azur", il m'a fallu du temps. J’ai trouvé cette phrase dans le couloir qui menait à ma chambre chez mes parents. En entrant dans la pièce, j’ai eu LA révélation. Tu éprouves alors cette sensation du mec qui découvre une pépite d’or dans une grotte. J’étais heureux. Quand on trouve cette phrase pour fermer la porte d'une maison construite, on est content..."

Propos recueillis, en 2012, par T.G