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Dj Set : Pourquoi le vinyle doit encore tourner...

Dj Set : Pourquoi le vinyle doit encore tourner...

Aujourd'hui, l'ère du tout-numérique n'épargne... rien ! Encore moins la musique. Elle vampirise même le travail des DJ's qui ne jurent que par les MP3, les logiciels et autres contrôleurs ou laptops. Du coup, avec la facilité d'accès et de prise en main de ces nouveaux supports, le statut du DJ peut paraitre parfois dévalorisé. Si le problème ne concerne pas les anciens, autrement dit ceux qui ont débuté sur vinyles, il change forcément la donne pour tout les autres qui multiplient les performances numériques sur scène ou en postant continuellement leurs travaux (bons ou mauvais) sur les sites de partage et les réseaux sociaux. La logique analogique doit-elle être jetée aux oubliettes pour ne devenir qu'une exception ?

Certains appelleront cela de la régression, qualifieront l'exercice de vision rétrograde. D’autres parleront de praticité ou de nécessité de vivre avec son temps. Pourtant, tous les amateurs vous le diront sans doute, le vinyle, c’est quand même mieux que le virtuel. Aujourd’hui, pas un set de DJ's ne se pense sans des platines CD, seules ou connectées à un ordinateur. Pas un mix ne se conçoit via un logiciel, les yeux rivés sur son laptop à triturer les potards de son controleur Traktor (...Pub...). Oui mais l’important, me direz-vous, ce sont évidemment la sélection des sons qui sortent de ces machines 2.0 ou bien encore la cohérence du cheminement musical pour atteindre le zénith d’une soirée réussie. Ok. Mais le deejaying, l’art de mixer, de raconter une histoire, c’est aussi de proposer un voyage sensoriel, de visualiser une prise de risque, de faire vibrer l'auditeur à chaque pose de mains sur l’acetate pour le faire participer à ces délicieux passages de relais. En cela, on ne peut craindre que seul le bon vieux 33 tours ne procure cette sensation. Alors, évidemment, sur Serato par exemple, on pose, comme pour faire diversion, deux vyniles sur de bonnes vieilles MK2. Et le (33) tour est joué ! Mais à quoi sert alors cette petite lumière qui se tient droit comme "I" et qui éclaire les magnifiques sillons tracés sur la galette ? Car c’est bien là que réside l’attachement viscérale au vinyle. Sa matière est réelle et, avec lui, la musique devient visuelle, on la touche du doigt, on la modèle sans filtre. Ainsi, le mix, les enchaînements deviennent... instinctifs.

Un set, ça se contemple...

Si la dématérialisation sonore d’une prestation révèle des avantages indiscutables pour le DJ (gain de place pour transporter ses MP3, possibilité de multiplier à l’infini les morceaux…), elle devient singulièrement moins interressante pour les amoureux de la musique (toutes générations confondues !). Ecouter un set, c’est aussi le vivre... Et le regarder. Aussi, cette terrible impression de ne venir contempler qu’un homme à machines parasite parfois l’aura d’un artiste. Tout simplement parce qu’un DJ, c’est avant tout un être humain. En cela, le mix sur vinyles résonne un peu comme le prolongement naturel et dénué d’artifice de cette envie de partage. On pardonne les imperfections, on apprécie les pirouettes instantanées et sans filets, on se délecte aussi à observer les changements de disques, leur prise en main avant son empalement délicat (ou non) sur la platine. Sans parler du son que diffuse l’objet… Certains crieront à l’intégrisme musical. Ils auront sans doute raison. D’autres pourront encore réinventer un célèbre adage : « Qu’importe la platine, pourvu qu’on ait l’ivresse ! ». Argument tout aussi recevable. Tout est une question de générations finalement ? Et bien non. Car le vinyle a survécu à toutes les époques. Il a façonné justement plusieurs... générations. Pourquoi serait-il donc aujourd'hui devenu ce simple objet de curiosité classé avec facilité dans la catégorie "tendance", alors même qu'il ne l'est déjà (malheureusement) plus pour les principaux acteurs des scènes électroniques et Hip Hop.

Une chose est sûre, un mix réalisé sur vinyles ne pourra jamais avoir la même valeur qu'un set proposé sur MP3. Pour une seule et unique raison : le disque vinyle permet à la musique d'être touchée... Et cela change tout. Aussi bien pour celui qui la diffuse, que pour celui qui l'écoute. T.G (subjectivité assumée, mais partagée).

La difficulté est plus importante sur vinyle, c’est sûr. Mixer le vinyle, ça passe par l’oreille, le feeling, le touché. C’est la base du DJing, c’est comme ça que ça a commencé. Il y a une légitimation à mixer le vinyle.

Daoust - Montreal (CA) - 25 avril 2013

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